Avant que le fiston soit là, j'avais
peu de certitudes, hormis celle-ci : je voulais l'allaiter.
Après quelques lectures et cours de
préparation à l'accouchement, j'étais on ne peut plus résolue,
même si je sentais que ça ne serait peut-être pas aussi simple que
je l'avais espéré au départ.
Enfin, sur le papier tout ça me
paraissait couler de source : naissance, mise au sein, tétées...A
yé allaitement mastered ! Ouais...la théorie m'allait bien.
Et puis le fiston est né.
Le lendemain matin 6h, le fiston est
amené dans ma chambre et on m'annonce qu'il a faim. Qu'à cela
ne tienne, zou je me lance, confiante. Je me dis que finalement nous
sommes des animaux, l'instinct devrait nous dicter la bonne marche à suivre. Le personnel soignant n'a pas l'air de faire mine d'essayer
de nous guider en plus, donc il ne doit rien y avoir de bien sorcier à
tout cela !
Bizarrement, alors que le fiston tète,
je n'ai pas de révélation : je n'ai ni le sentiment de bien ou de
mal faire. Cette incertitude est très déconcertante, je ne sais
même pas s'il mange quelque chose... Je me tourne vers les sages
femmes qui, après avoir jeté un demi coup d'oeil, me marmonnent :
“Oui oui c'est bien, vous avez une bonne position.” Même
rassurée par cette petite phrase, je n'arrive pas à sentir
l'affaire. D'autant que ca commence à me faire sacrément mal cette
histoire.
A partir de là, les problèmes se sont
enchainés : crevasses de tous les diables, bébé qui hurle,
reproches des sages femmes qui me disent que ni le fiston, ni moi
n'adoptons la bonne position, tétées toutes les 2h malgré la
douleur pour stimuler la lactation, montée de lait qui tarde à
arriver...
Après presque 3 jours et 3 nuits à ce
rythme, ma décision est prise, je n'allaiterai pas le fiston. Je ne
m'en sens plus capable. J'ai le sentiment que le fiston et moi ne
nous comprenons pas, qu'il en vient même à me détester parce que
je n'arrive pas à le nourrir...
Le matin venu, une femme entre dans ma
chambre. Elle se présente : elle est conseillère en lactation et
veut savoir si je suis intéressée par ses conseils. Après mes
déconvenues avec les sages femmes, je ne suis pas très chaude mais
je lui explique tout de même mon “allaitement” jusque là. Elle
m'écoute sans rien dire et avant toute chose me sort, sans détour :
“Vous avez fait ce qu'il fallait faire, vous êtes une bonne mère”.
Et là, quelque chose craque en moi. Je
ne peux m'empêcher de m'effondrer et de laisser mes frustrations
accumulées au fil des heures couler le long de mes joues.
Grâce à son aide, le fiston et moi
avons réussi a reprendre confiance en nous et l'allaitement a fini
par fonctionner. Même si j'ai sûrement commis des erreurs dans la
mise en place de mon allaitement, l'assurance d'avoir fait de mon
mieux et surtout, de l'entendre de la part d'une professionnelle aura
été le déclic.
Au final, j'aurai allaité le fiston
“seulement” 3 mois pour des raisons professionnelles, mais ces 3
mois ont été un pur bonheur, pour moi, et je pense aussi pour lui.
Tout ça pour dire que je trouve
n'avoir pas été suffisamment informée avant la naissance du fiston
sur les difficultés que l'on peut rencontrer pendant l'allaitement.
C'est en partie ma faute je le sais, j'aurais sûrement du davantage
me renseigner, mais naïvement, je m'attendais aussi à être plus
encadrée pour lancer cette aventure. Par exemple, j'ai appris assez
tard que si le fiston hurlait en me voyant c'est qu'il sentait le
lait et donc pleurait car il ne pouvait pas boire. C'est le genre
d'informations qui m'auraient été vraiment précieuses dans mes
moments de doute, surtout en tant que primipare peu sûre d'elle.
La deuxième chose qui m'a un peu
surprise est le manque de cohérence dans les conseils que le
personnel soignant m'a donnés (hormis ceux de la conseillère en
lactation). En effet, selon les sages-femmes qui passaient nous voir,
les conseils donnés n'étaient pas les mêmes : tantôt, moi ou le
fiston avions une très bonne position, tantôt une très mauvaise,
ça devenait à n'y plus rien comprendre. Je suis désormais
consciente que l'évolution de la mise en place de l'allaitement
exige des conseils qui évoluent d'heure en heure mais, sans le
savoir, la primipare que je suis était plutôt perdue et
complètement découragée.
J'en profite finalement pour remercier
ma conseillère en lactation, qui a sauvé mon allaitement et nous a
réellement fait à moi et à mon fils un très beau cadeau. Je n'ai
pas eu l'occasion de la remercier comme je l'aurais voulu avant de
partir de la maternité, un peu déstabilisée par son côté bourru,
qui a gentiment repoussé mes merci avec un gêné : “Je n'ai rien
fait, c'est vous et votre fils qui avez fait tout le boulot.”
Après ces quelques mois de recul, je
suis maintenant en mesure de dire, même si je doute qu'elle lise ces
quelques lignes : “Sincèrement merci, sans vous ça n'aurait pas
été possible.”
Je connais plus de nouvelles mamans racontant la galère qu'un instant magique où tout te vient dans une révélation. Je pense que longtemps il y a eu des tabous là-dessus (suffit de voir comment ça s'écharpe biberon/allaitement).
RépondreSupprimerMais c'est génial que tu es pu aller au bout de ce que vous aviez décidé de faire ♥
D'ailleurs c'est très réconfortant de voir de plus en plus de témoignages de "galères", on se sent moins seules :)
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