dimanche 11 mai 2014

Celle qui avait ramé pour son allaitement



Avant que le fiston soit là, j'avais peu de certitudes, hormis celle-ci : je voulais l'allaiter.

Après quelques lectures et cours de préparation à l'accouchement, j'étais on ne peut plus résolue, même si je sentais que ça ne serait peut-être pas aussi simple que je l'avais espéré au départ.
Enfin, sur le papier tout ça me paraissait couler de source : naissance, mise au sein, tétées...A yé allaitement mastered ! Ouais...la théorie m'allait bien.

Et puis le fiston est né.


Comme je l'avais prévu, je tente la mise au sein dès ses premières minutes de vie. Il n'a pas l'air chaud patate mais après tout, je me dis qu'on est tous les deux fatigués et je ne m'angoisse pas plus que cela.

Le lendemain matin 6h, le fiston est amené dans ma chambre et on m'annonce qu'il a faim. Qu'à cela ne tienne, zou je me lance, confiante. Je me dis que finalement nous sommes des animaux, l'instinct devrait nous dicter la bonne marche à suivre. Le personnel soignant n'a pas l'air de faire mine d'essayer de nous guider en plus, donc il ne doit rien y avoir de bien sorcier à tout cela !

Bizarrement, alors que le fiston tète, je n'ai pas de révélation : je n'ai ni le sentiment de bien ou de mal faire. Cette incertitude est très déconcertante, je ne sais même pas s'il mange quelque chose... Je me tourne vers les sages femmes qui, après avoir jeté un demi coup d'oeil, me marmonnent : “Oui oui c'est bien, vous avez une bonne position.” Même rassurée par cette petite phrase, je n'arrive pas à sentir l'affaire. D'autant que ca commence à me faire sacrément mal cette histoire.
A partir de là, les problèmes se sont enchainés : crevasses de tous les diables, bébé qui hurle, reproches des sages femmes qui me disent que ni le fiston, ni moi n'adoptons la bonne position, tétées toutes les 2h malgré la douleur pour stimuler la lactation, montée de lait qui tarde à arriver...

Après presque 3 jours et 3 nuits à ce rythme, ma décision est prise, je n'allaiterai pas le fiston. Je ne m'en sens plus capable. J'ai le sentiment que le fiston et moi ne nous comprenons pas, qu'il en vient même à me détester parce que je n'arrive pas à le nourrir...

Le matin venu, une femme entre dans ma chambre. Elle se présente : elle est conseillère en lactation et veut savoir si je suis intéressée par ses conseils. Après mes déconvenues avec les sages femmes, je ne suis pas très chaude mais je lui explique tout de même mon “allaitement” jusque là. Elle m'écoute sans rien dire et avant toute chose me sort, sans détour : “Vous avez fait ce qu'il fallait faire, vous êtes une bonne mère”.

Et là, quelque chose craque en moi. Je ne peux m'empêcher de m'effondrer et de laisser mes frustrations accumulées au fil des heures couler le long de mes joues.

Grâce à son aide, le fiston et moi avons réussi a reprendre confiance en nous et l'allaitement a fini par fonctionner. Même si j'ai sûrement commis des erreurs dans la mise en place de mon allaitement, l'assurance d'avoir fait de mon mieux et surtout, de l'entendre de la part d'une professionnelle aura été le déclic.
Au final, j'aurai allaité le fiston “seulement” 3 mois pour des raisons professionnelles, mais ces 3 mois ont été un pur bonheur, pour moi, et je pense aussi pour lui.

Tout ça pour dire que je trouve n'avoir pas été suffisamment informée avant la naissance du fiston sur les difficultés que l'on peut rencontrer pendant l'allaitement. C'est en partie ma faute je le sais, j'aurais sûrement du davantage me renseigner, mais naïvement, je m'attendais aussi à être plus encadrée pour lancer cette aventure. Par exemple, j'ai appris assez tard que si le fiston hurlait en me voyant c'est qu'il sentait le lait et donc pleurait car il ne pouvait pas boire. C'est le genre d'informations qui m'auraient été vraiment précieuses dans mes moments de doute, surtout en tant que primipare peu sûre d'elle.

La deuxième chose qui m'a un peu surprise est le manque de cohérence dans les conseils que le personnel soignant m'a donnés (hormis ceux de la conseillère en lactation). En effet, selon les sages-femmes qui passaient nous voir, les conseils donnés n'étaient pas les mêmes : tantôt, moi ou le fiston avions une très bonne position, tantôt une très mauvaise, ça devenait à n'y plus rien comprendre. Je suis désormais consciente que l'évolution de la mise en place de l'allaitement exige des conseils qui évoluent d'heure en heure mais, sans le savoir, la primipare que je suis était plutôt perdue et complètement découragée.

J'en profite finalement pour remercier ma conseillère en lactation, qui a sauvé mon allaitement et nous a réellement fait à moi et à mon fils un très beau cadeau. Je n'ai pas eu l'occasion de la remercier comme je l'aurais voulu avant de partir de la maternité, un peu déstabilisée par son côté bourru, qui a gentiment repoussé mes merci avec un gêné : “Je n'ai rien fait, c'est vous et votre fils qui avez fait tout le boulot.”

Après ces quelques mois de recul, je suis maintenant en mesure de dire, même si je doute qu'elle lise ces quelques lignes : “Sincèrement merci, sans vous ça n'aurait pas été possible.”

2 commentaires:

  1. Je connais plus de nouvelles mamans racontant la galère qu'un instant magique où tout te vient dans une révélation. Je pense que longtemps il y a eu des tabous là-dessus (suffit de voir comment ça s'écharpe biberon/allaitement).
    Mais c'est génial que tu es pu aller au bout de ce que vous aviez décidé de faire ♥

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    1. D'ailleurs c'est très réconfortant de voir de plus en plus de témoignages de "galères", on se sent moins seules :)

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