Haute comme trois pommes, je le
disais déjà en boucle à ma mère qui me répondait inlassablement,
un sourire en coin : « Tu sais ma chérie, tu en as déjà
une de famille. ».
Et moi, qui m'entêtais : « Oui,
mais tu sais bien, une famille à moi, rien qu'à moi ! ».
Les études, la construction de soi,
de notre couple, de notre nid ont pris la première place. Oui,
l'idée d'un enfant se dessinait, mais plutôt comme une esquisse, au
crayon à papier, un truc encore sans contours et un peu gauche.
Et puis là, soudain, l'évidence.
Tellement forte que nous avions failli repousser notre mariage alors
en pleine préparation. Quelques mois plus tard, nous savions que
nous allions devenir parents.
La claque.
C'est une chose de le vouloir, c'en
est une autre de découvrir les deux barres sur le test. Et puis le
quotidien reprend le dessus. Les rendez-vous médicaux, les
échographies, les prises de sang se suivent mais bizarrement, cela
ne paraît pas souvent réel, sans doute l'effet « c'est le
premier ». Quasiment jusqu'à la fin de ma grossesse, croiser
mon reflet dans le miroir m'étonnait : ah mais oui, c'est vrai
je suis enceinte ! Dans quelques mois... Oh dans quelques mois,
ce n'est pas encore tout de suite, nous verrons bien.
Avant le dernier mois, où l'attente
nous a paru vraiment très longue, je ne me suis presque pas rendue
compte que nous étions à l'aube d'une révolution.
Un soir de septembre, lors de la
journée qui fut à la fois la plus éprouvante et la plus heureuse
de ma vie, notre fiston a déboulé dans notre univers, pour le
changer à jamais.
Mon fils était enfin là, bel et
bien là. 9 mois et tellement plus, de rêves mais aussi de doutes,
de questions, de peurs et d'attente et la réponse est enfin là.
Évidente. Prenante. Effrayante.
Mes larmes coulent en torrent. Je
regarde l'Homme, lui aussi très ému. On se dit tout dans ce regard
et nos larmes jumelles.
Aujourd'hui, cette famille à
laquelle j'ai tant rêvé, cette famille à moi, rien qu'à moi, je
n'ai plus besoin de l'imaginer, elle est là...quand j'ouvre les
yeux, mes chimères me sourient. Tout est bien.
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