dimanche 2 novembre 2014

Celui qui ne voulait plus manger



L'alimentation n'a jamais été un problème pour le fiston. Dès ses premiers jours, son appétit et ses longues tétées nous rassuraient et quand nous sommes passés au biberon, les repas étaient une formalité, expédiée systématiquement en moins de 10 minutes.

A la diversification, même si Monsieur avait émis quelques réserves et n'avait pas semblé totalement convaincu au départ par le bien fondé de manger autre chose que du lait, après quelques accrocs, il était retombé dans les délices de la gourmandise et là encore, les repas n'étaient que sourires et babillages.

Oui mais voilà, tout ça, c'était avant le drame. 

Depuis une bonne semaine, les repas avec le fiston sont devenus de véritables combats et le vainqueur, c'est lui (par KO).
Dès l'installation dans la chaise haute, ses petites jambes commencent à fouetter l'air frénétiquement et les premiers cris se font entendre. Et là, à chaque cuillère, le même scénario : crochet du gauche qui fait voler la nourriture (et parfois la cuillère), la purée retombant en flocons dans toute la pièce et, non content d'avoir reconstitué un Pollock sur le sol (et nos vêtements), le fiston hurle à qui mieux mieux, se débattant dans tous les sens, et les bras et la tête, dans de longs hurlements qui nous percent les tympans.

Oui, à chaque cuillère.
Les repas de la semaine ont été longs, très longs.

Ce total revirement de situation nous a laissé complètement abasourdis, allant chercher mille explications et espérant que ça passe tout seul : il était fatigué, son otite le fait encore souffrir, il fait ses dents, bon et puis le changement d'heure tout ça, tout ça, ça doit vachement le perturber...
Oui, mais alors... pourquoi le fiston nous réserve-t-il ses crises alimentaires et que l'intégralité de ses repas avec sa nounou se passe-t-il à merveille ?

Après avoir écumé le Web et tenté toutes les solutions qui nous venaient à l'esprit (une sieste avant le repas, le « je me passe en mode troubadour et divertit mon enfant pendant que l'Homme lui donne à manger », les câlins, la leçon de morale, j'en passe et des meilleures), on n'était pas plus avancés. Et même à peu près au fond du trou.

Jusqu'à l'illumination.

Alors que nous débriefions, la mort dans l'âme, le match – euh pardon le repas – du soir (encore une victoire par KO du fiston), je jette un œil vers notre bibliothèque et lance un « Tiens, on va voir ce qu'elle trouve à en dire Laurence Pernoud » (pour ceux qui ne connaissent pas ses ouvrages, ses 2 énormes best-sellers, « J'attends un enfant » et « J'élève mon enfant » ont guidé des générations de parents dans l'épopée de la parentalité, mes parents et grands-parents compris, du coup j'ai naturellement acheté ces 2 livres dès que j'ai su que j'étais enceinte).

Ses mots nous ont vaguement rappelé quelque chose... :

« A partir de 12-18 mois, […], il est fréquent que le repas devienne un moment d'opposition entre l'enfant et les parents […]. L'enfant affirme sa personnalité qui se développe chaque jour. Il teste les réactions de adultes et il choisit souvent le moment du repas pour exprimer son opposition. Il sent très bien les enjeux qu'il peut y avoir autour de la nourriture et il se rend compte du pouvoir qu'il a sur [ses parents], très ennuyés qu'il ne mange pas. Il veut voir jusqu'où il peut aller. Les [parents] supportent difficilement cette situation, [ils] se sentent déstabilisés, coupables. […] Et, comme, par ailleurs, l'enfant mange bien à la crèche ou chez l'assistante maternelle, les [parents] se sentent encore plus [fautifs]. Rassurez-vous, c'est une situation très fréquente à cet âge et elle finit toujours par s'arranger avec fermeté, souplesse et patience. »

Ouuuuuf, le fiston est normal, nous aussi (je veux dire par là « non, on n'a pas déjà foiré son éducation » ahah) et ça finira par passer.

La question est : comment ?

Voici les clés que donne Laurence Pernoud :
  1. Dédramatiser la situation et quand le repas tourne au conflit, l'interrompre. Tant pis si l'enfant mange moins, voire saute quelques repas. S'il a décidé qu'il ne mangerait pas, il ne mangera pas (enfin pas avant le repas suivant). Il ne faut surtout pas le présenter comme une punition, et rester dans la logique du « manger à l'heure des repas », en ne lui donnant rien à grignoter entre.
  2. Ne pas promettre de récompense à l'enfant s'il mange : on ne récompense pas un comportement normal. Ne pas non plus tomber dans le chantage, type : « si tu manges tes légumes, tu auras un dessert ».
  3. Ne pas faire le clown pour faire manger son enfant : lui sera ravi, mais chaque repas va devenir un vrai marchandage (je vais pouvoir ranger mon costume de troubadour, enfin!).
Ses conseils sont évidemment à adapter à sa propre situation et, même si le fait de lui retirer d'office son repas s'il crise en le mangeant nous a semblé un peu dur au départ, nous avons décidé d'essayer tout de même (foutu pour foutu hein).

Après un déjeuner une fois de plus apocalyptique, quand le scénario s'est répété au goûter, très calmement, nous lui avons retiré son repas et lui avons expliqué que s'il n'avait pas faim, cela ne faisait rien, il mangerait au dîner.

Yeux ronds.

Et là, miracle des miracles, quelques heures pus tard, un dîner presque parfait (ahah).

Tout n'est pas encore gagné et il est trop tôt pour dire que les refus de manger du fiston sont derrière nous, mais désormais, nous envisageons les repas avec plus de sérénité et sentons que nous sommes enfin sur la bonne voie.

 Victory is mine !! (bon là c'était un éclair au chocolat, ça compte moins... ^^')
 
Et vous, comment se passent les repas de famille ?

11 commentaires:

  1. Je suis exactement dans la même situation depuis 3 semaines: chez la nounou, les repas sont calmes, et à la maison, c'est les cris et l'énervement... Pas facile de gérer tout ça... Je vais essayer d'appliquer ces conseils!

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    1. Bon courage ! Ce n'est vraiment pas simple comme situation mais ça finit par s'améliorer ! ;)

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  2. AAaaaaah youpi !!!!! Je pensais pas que si tôt il pouvait s'opposer, c'est chouette d'avoir l'explication en tout cas !!!
    Et fini la guerre à la maison pour le repas ! Super heureuse pour vous deux !

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    1. Tout n'est pas encore parfait mais on voit vraiment des progrès fulgurants, surtout depuis 2 jours :D

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  3. Super merci pour ce retour d'expérience ! Pour l'instant ici c'est plutôt des hurlements a la mort si on n'active pas la cuillère assez rapidement , mais je garde en tête tes conseils pour les prochains mois !

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  4. Dans mes bras ! J'ai exactement le même problème à la maison. Les 12 premiers mois ont été idylliques côté bouffe. Mais depuis 3 semaines on paye dur ! Les repas ne sont que cris, la miss recrache systématiquement... J'ai même été jusqu'à la tape sur la main, pourtant ce n'est pas mon style.
    La question que je me pose : on opte pour interrompre le plat (du coup elle saute 1 à 2 repas par jour) mais je me demande à chaque fois si je dois lui proposer un yaourt/une compote alors qu'elle n'a pas mangé la purée (le yaourt elle le mange sans problème, pas la compote), qu'en penses-tu ?

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    1. Nous ce qu'on a fait c'était qu'on retirait l'intégralité du repas, même ce que d'ordinaire il acceptait de manger (à savoir le bib), histoire qu'il comprenne que c'était pas "à la carte" quoi (le pauvre peut pas se nourrir de biberons jusqu'à son adolescence eheh).
      Ca a été un peu hard pendant plusieurs jours (heureusement il mange normalement avec sa nounou donc on se sentait pas trop coupable) mais depuis 2 jours, ses repas sont redevenus des moments de calme (on croise les doigts et les orteils !!).
      Bon courage ! ;)

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  5. Ici quand il refuse, c'est parfois qu'il refuse qu'on lui donne la béquée.. il veut le faire tout seul ! Alors, je mets courageusement le bol devant lui après avoir remonté les manches et ajusté la serviette, je lui donne la cuillère, je guide un peu (mais pas trop sinon je me fais crier ^^). Je prévois parfois une seconde cuillère pour moi, et je fais discrètement avancer le repas en parallèle. ça fonctionne souvent bien. ça remplit le désir d'indépendance de notre petit monstre et ça le rend fier ! ^^

    Shrimp.

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    1. On a tenté aussi de lui proposer de manger "tout seul", on lui a même acheté une blouse épongeable pour qu'il puisse s'en mettre partout sans qu'on balise trop mais le fiston a pas l'air intéressé par la chose... Quand par curiosité ou inadvertance il se retrouve avec de la purée sur les doigts, il prend un air dégoûté et se secoue la main pour la nettoyer mdr.
      Par contre, le coup de lui donner une cuillère qu'il peut manipuler pendant son repas, c'est un vrai hit ! Il tien absolument à nous la mettre dans la bouche pour nous faire manger aussi héhé

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